Le Parrain : Seydi Mouhamadou Moustapha SY Djamil

Sa vie exemplaire tient en trois "D" : Discrétion. Droiture morale. Dignité
Le tout donne Seydi Djamil le beau ou Jâmil pour les lettrés arabes. 
Son destin ne pouvait pas ne pas être singulier puisque Dieu, dans sa volonté et son Pouvoir Absolu, en avait fait le fils aîné de l'illustre Serigne Babacar SY, khalife des khalifes, et le premier petit fils du vénéré Cheikh Seydi El Hadji Malick SY (RTA) le propagateur, infatigable et irremplaçable de la Tarikha Tidiane au Sénégal. 
Né sous une bonne étoile aux croisées des routes de l'intelligence et de la foi éclairante et apaisante, Cheikh Seydi Mouhamadou Moustapha SY eut le privilège rare d'assumer; dès sa naissance, deux héritages, celui de Mawdo Malick le fondateur de la prodigieuse École de Tivaouane et celui de Malick SALL Ia fierté de la prestigieuse École de Louga. 
Béni par ses deux grands pères, inspiré par son père, le khalife au "bonnet carré légendaire" et couvé par son oncle EI Hadji Mansour SY Malick sorti de la grande école du Soufisme, Cheikh Seydi Mouhamadou Moustapha SY eut un itinéraire, un destin exceptionnel marqué du sceau de la sagesse et de l'érudition sous sa forme la plus pure et la mieux achevée.
En le surnommant affectueusement "Seydi Jâmil", son père et ami El Hadhji Abdoul Aziz SY Dabakh, le khalife bien aimé, sublima la beauté physique et morale de celui qui fut un modèle d'élégance et plus fondamentalement une conscience et une référence exceptionnelles. En effet, dédaignant le privilège de la naissance alors qu'il pouvait s'en prévaloir, refusant systématiquement toute forme de compromission, constamment attaché au culte des valeurs morales sociales et spirituelles, drapé d'humilité et de piété, Seydi Djamil s'éleva et s'imposa par ce qu'il est convenu d'appeler son "style propre" fondé sur une méthode d'action à nulle autre comparable ; une éducation spirituelle d'une richesse exceptionnelle, s'appuyant sur une générosité d'esprit et de cœur touchant les limites du sublime. En somme, une grande et belle âme au service d'une noble cause ; la seule qui résiste à l'usure du temps et des épreuves. La seule qui ne s'éteindra jamais ! 
Ainsi, Seydi Djamil fut, à tous points de vue, une exception. Son mérite sinon son miracle fut d'avoir conquis tous les cœurs sans sortir de sa maison transformée en "daara" où toutes les intelligences et toutes les consciences se sont rencontrées et exprimées. Le culte de la vérité fut sa nourriture quotidienne. Sa seule occupation et préoccupation, sa seule ambition et mission - quelle noblesse - fut d'être le gardien zélé et inspiré, écouté et respecté de l'héritage de Cheikhna Ahmad At-Tijani A Cherif (RTA) et de Cheikh Seydi Hadji Malick SY et de ses dignes fils. Tout dans son action portait le cachet de l'originalité, mieux de l'authenticité. Sa force tenait de son détachement absolu Par rapport aux tentations et tractations matérielles.

L'EXCEPTION

Assurément, Seydi Djamil le "rare" symbolisait la beauté, la pureté morale et la densité spirituelle. Sa "beauté fut toute majesté et sa majesté fut toute beauté", Soldat de l'Islam et serviteur de la Tarikha, il n'a jamais varié dans son discours et son attitude, jamais transigé sur les principes, jamais fermé sa porte. Le respect qu'il imposait par sa haute stature morale connue et reconnue de tous était égal au respect qu'il donnait à tous. En vérité, naviguant sereinement au milieu des eaux troubles et assumant son sacerdoce avec la grandeur propre aux Elus, Seydi Djamil a, de toute évidence, honoré Seydina Mouhammad ( PSL) et sa Sounna, Cheikhna Ahmad At Tijani (RTA) et sa Tarikha, Cheikh Seydi El Hadji Malick SY ( RTA) et son école dont Tivaouane la Sainte reste le point d’ancrage et la référence suprême. Seydi Djamil est finalement parti sans partir. Son nom, son exemple, son œuvrè et ses talibés sont là. S'y ajoute la décision qu'ils ont prise de perpétuer et de pérenniser l'œuvre du grand marabout de Fass Delorme qui demeure encore un "mystère" pour beaucoup.
A l'évidence la construction d'un Complexe Culturel et Islamique à Fass a une signification particulière en ce qu'elle s'impose comme une exigence morale à tous ceux qui ont cheminé avec Seydi Djamil et sont disposés autant par conviction et reconnaissance que par fidélité, à réaliser un tel investissement sur la base d'une adhésion enthousiaste et spontanée, d'un engagement volontaire et résolu. Un peu à l'image de la vie discrète du parrain qui n'a jamais rien demandé et qui, par contre, savait donner et pardonner, écouter et conseiller, apaiser et réconcilier. La construction d'une telle unité participe, aussi, de la nécessité d'asseoir, dans des structures modernes et fonctionnelles, "l'école" de Seydi Djamil et de poursuivre, en conséquence, l'œuvre admirable de formation et d'éducation morale, religieuse et civique qu'il mena avec patience et constance, convaincu que la foi est à la base de tout et que derrière tout accomplissement, toute avancée significative et toute victoire, il y a l'homme pensant et  agissant sinon l'homme agissant sa pensée.
C’est bien le sens qu’il convie la résolution ferme prise par la Fondation Seydi Djamil, sous l’impulsion de Serigne Mouhamadou Mansour SY Djamil et avec la bénédiction paternelle de Serigne Mouhamadou Mansour SY “Borom Daaradji”, khalife général des Tidianes, de réaliser à Fass Delorme, une œuvre marquante digne de son parrain. Le geste du Khalife prend la forme d’un témoignage de plus de respect, d’affection et d’estime pour un frère aîné avec qui il s’honore d’avoir tout partagé et dont il est fier de consolider l’œuvre. Qu'Allah le miséricordieux comble de ses bien- faits Cheikh Seydi Mouhamadou Moustapha SY Djamil, qu'il assiste sa famille, soutienne et inspire Serigne Mansour SY "Borom Daaradji", khalife général des Tidianes et gardien vigilant de l'héritage.
Serigne Aly CISSE
Extrait du livre rédigé en 1989 a l'occasion de l’inauguration de la fondation Seydi Djamil
Invitation du parrain par le président de la République du Sénégal en 1989

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